Les chefs d’Etats et de gouvernements africains se réunissent les 10 et 11 février 2019 à Addis Abeba à l’occasion du 32e Sommet de l’Union Africaine qui a pour thème les déplacés climatiques en Afrique.
De nombreux pays d’Afrique sont exposés à des phénomènes climatiques en intensité croissante ces dernières années : inondations, sécheresses, renforcements des vents, vagues de chaleur, forte érosion côtière. Ces phénomènes extrêmes d’érosion des sols et de désertification ne cessent de s’amplifier. Les personnes déplacées en Afrique en raison du dérèglement climatique ont des besoins de protection du au risque lié à ce mouvement migratoire involontaires. Au programme de ce lundi 11 février, il y aura la remise de plusieurs rapports thématiques dont deux qui pourraient intéresser la problématique des déplacés climatiques.
Il s’agit, d’une part, du rapport élaboré par le Président Ali Bongo Ondimba de la République gabonaise (voir page 3 du programme), qui est depuis deux ans à la tête du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC), à propos de la mise en œuvre d’une politique climatique intégrée à la politique africaine de développement durable déclinée dans l’agenda 2063. Il va également absorber la préparation de l’Afrique aux négociations climatiques en 2019 (voir notre article sur la semaine africaine du climat). D’autre part, le roi du Maroc Mohammed V va remettre son rapport sur le suivi de l’établissement de l’Observatoire des migrations dont le siège est au Maroc (voir page 4 du programme). Par conséquent, ce serait des moments opportuns pour éventuellement évoquer la question des déplacés climatiques interafricains et insister sur l’élaboration de solutions durables. Dans son dernier rapport de 2014, le GIEC a estimé que le changement climatique aura un impact sur les mobilités humaines internes et transfrontalières à l’échelle mondiale, et particulièrement en Afrique. Le phénomène du changement climatique a été mis en lumière dans les différentes contributions nationales à l’Accord de Paris des pays africains.
Le rapport de la Banque mondiale intitulé « Groundswell : Preparing for Internal Climate Migration » a estimé à 85,7 millions le nombre de personnes déplacées en Afrique subsaharienne d’ici 2050. En raison du vide juridique lié à la question des déplacés climatiques, la mise en œuvre de mécanismes de protection se fait ressentir. En effet, il n’existe pas de régime juridique de protection sur le continent qui traite explicitement du déplacement transfrontalier dans le contexte du changement climatique. Avec l’adoption, à la COP24 en décembre 2018, du Pacte mondial sur les migrations (A/CONF.231/3), les gouvernements africains se sont, entre autre, engagés à mettre en place une meilleure gestion régionale de la migration. Ainsi l’Union africaine devrait affirmer son rôle comme organisation régionale dans la protection des déplacés climatiques et encourager la mise en œuvre d’un cadre juridique contraignant.
Par Chancia IVALA PLAINE |Spécialiste du droit de l’environnement
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